Norlande / Jérôme Leroy. – Syros (Rat noir), 2013
Clara est à l’hôpital, depuis des mois. Elle est soignée pour des troubles post-traumatiques : fille de la ministre des Affaires étrangères de ce petit pays prospère et tranquille qu’était la Norlande, membre actif des jeunesses politiques de tendance gauche, elle a été victime comme tant d’autres d’une tuerie du fait d’un seul homme. Pourtant, Clara culpabilise. Elle écrit à son amie française, Emilie, pour mettre des mots sur « l’événement ».
Résumé proposé par Carole Da Rocha, professeur documentaliste au LP Lavoisier de Brive
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Ma chère Clara,
Il y a 3 jours ton docteur m’a envoyé ton carnet. Quand j’ai vu ton nom sur l’enveloppe, je l’ai tout de suite ouverte. Après plus de 8 mois sans nouvelle directes de toi, je commençais à vraiment m’inquiéter, même si au téléphone ta mère m’avait dit que tu allais bien, je savais au fond de moi que ce n’était pas le cas.
C’est comme si depuis « l’événement », (pour reprendre tes mots) la partie joyeuse, souriante et heureuse de toi qui est au fond de mon cœur avait été remplacée par de la honte, de la tristesse et de la culpabilité.
Sur le moment j’ai cru pouvoir lire ton livre, en être capable, mais j’ai très vite déchanté. Dès la première page mon cœur s’est serré et mes yeux se sont mouillés. Je n’ai alors pas eu le courage de lire ton manuscrit. Il m’a fallut plus d’une semaine pour oser remettre la main dessus. J’ai alors pris mon courage à deux mains, je suis allé me faire un bon café, j’ai pris une petite couverture et j’ai alors commencé la triste histoire. J’ai lu toutes les horreurs que tu as vécues, ce que ta famille a enduré. Comment ta mère et toi avez été détruite à cause de lui. Tu sais, je suis profondément convaincu que tu n’y est pour rien. Tu t’es juste fait manipuler par ce monstre, il s’est servi de toi. Tu n’as fait qu’être séduite par un beau jeune homme, tu ne pouvais pas savoir, tu ne pouvais pas deviner que sous cette carapace parfaite se cachait un monstre, un homme cruel et sans cœur.
Ta mère et toi, contrairement à ce que tu as l’air de penser, vous êtes très chanceuses, vous auriez pu mourir toutes les deux.
Tu sais, ici on n’en parle déjà plus. Ce n’est qu’un fait divers. Ça a beaucoup marqué ton pays mais le nôtre est resté quasi indifférent face aux horreurs que cet homme a commis. La presse a fait semblant de s’intéresser pendant quelques jours jusqu’à ce qu’un autre attentat ou fait de ce genre prenne sa place.
J’espère que tu te rétabliras vite, tu me manques beaucoup.
Mille bisous qui j’espère t’aideront à te remonter le moral et à, qui sait, revenir en France cet été,
Brân (élève de seconde au lycée E. Perrier de Tulle)
On suit l’histoire de Clara qui, depuis une chambre d’hôpital, écrit dans un cahier destiné à son amie Emilie, sa correspondante française. Clara ne se remet pas d’un traumatisme, et va faire part de son histoire tragique… Nous ne connaîtrons la raison de ce traumatisme qu’à la fin du livre. Cette histoire est inspirée d’un fait réel dramatique qui a eu lieu en Norvège en 2011.
Dans ce livre nous sommes dans un lieu imaginaire. L’environnement dans lequel est Clara paraît apaisant, simple. Le fameux évènement du livre nous est raconté de sorte qu’on y soit présent mais qu’on ne puisse rien faire pour empêcher ce massacre.
Le fait que ce roman soit comme un journal « intime » est plaisant. L’auteure a eu la bonne idée de retranscrire les évènements grâce à la correspondance de Clara à Emilie. Ce récit est poignant, il nous emporte ailleurs. Le suspense et l’action sont présents et c’est en partie pour cela que le roman de Jérôme Leroy plaît.